L'argent bien optimisé est à moitié non dépensé

Après des années de divers processus d'optimisation, on se retrouve à nouveau face à de nouveaux défis. Tout ce qui a été réduit, divisé par deux, externalisé et soi-disant "optimisé" est terminé. Hannes se rend compte que ces années ont été exigeantes. Mais le credo a été affiché : "Nous devons passer par là - nous aurons de bons moments plus tard". En d'autres termes, il s'agit de serrer les dents, d'essorer tout ce qui peut l'être et de se consacrer ensuite à nouveau aux affaires courantes. Hannes s'est réjoui de ce moment où les réunions de la direction tourneraient à nouveau autour de l'activité principale et où l'on ne se contenterait plus de demander : "Où peut-on encore rogner un peu sur les coûts".

C'est de bonne humeur que Hannes prend place dans le comité. Mais ce qui est suspect, c'est que le directeur financier est déjà là avant le début de la réunion et qu'il essaie de connecter son ordinateur portable au grand écran via ClickShare. Le fait que des instructions sur la manière de connecter le ClickShare s'affichent en permanence au lieu d'une image commence à mettre les nerfs du directeur financier à rude épreuve. Mais Hannes, en homme d'action, sort d'un tiroir poussiéreux un câble HDMI encore plus poussiéreux, le connecte et voilà que s'affiche "source found" puis la diapositive d'accueil.

Mais leur contenu ne laisse rien présager de bon. "Optimisation et globalisation du processus de paiement". L'"optimisation" fait sonner l'alarme chez Hannes, qui soupçonne que ses idées de nouveaux produits devront à nouveau passer au second plan dans la discussion.

Et c'est ainsi que les choses se sont passées. La réunion débute par une brève introduction du CEO, au cours de laquelle la foi inébranlable dans les optimisations a été résolument placée comme spoiler du sujet. Avec "Nous avons étudié et évalué", le gardien du Graal de la trésorerie va droit au but. Les processus de décaissement sont trop coûteux. D'autant plus qu'il s'agit ici d'argent auquel d'autres ont droit, mais pour lequel nous ne faisons que régler des factures. En d'autres termes : paiement des salaires, achat de machines, prestations de services, remboursements dans le cadre de droits de garantie, etc.

Il y a là un potentiel d'optimisation. Car l'argent que l'on doit dépenser, il vaut mieux ne pas le dépenser, ou du moins le dépenser plus tard. On l'aura ainsi plus longtemps. Des notions simples de gestion d'entreprise apprises à l'école.

Il a donc été décidé de délocaliser l'ensemble du processus de paiement en Inde. Non seulement ils travaillent moins cher là-bas. De plus, si le virement n'arrive pas, il n'est pas possible d'entrer dans le bureau et d'envoyer un "où est l'argent". L'entreprise pilote a montré que même les e-mails ne sont pas ou peu traités, ou du moins avec trois semaines de retard. Tout cela crée à nouveau de l'espace pour faire autre chose de l'argent que de le dépenser. De plus, le processus prévoit que l'on ne travaille pas les jours fériés en Inde et que l'argent ne soit pas transféré un jour férié en Europe. C'est logique... Personne n'a besoin de l'argent d'une machine payée le jour de l'Ascension.

On constate donc qu'en avril, par exemple, les jours tels que Mahavir Jayanti, le début de Pessah, Vaisakhi, Mesadi, Ambeddkar, en raison de jours fériés indiens, et le lundi suivant le dimanche des Rameaux, le Vendredi saint, le lundi de Pâques et la veille du 1er mai, en raison de jours fériés européens, aucun virement n'est effectué. Bien entendu, le service est généralement interrompu du vendredi midi au lundi midi. Car le lundi, l'argent n'est dépensé nulle part, puisque tout le monde est en réunion - pour décider par exemple des processus d'externalisation à optimiser ...

Auteur

Stefan Häseli est formateur en communication, keynote speaker, animateur et auteur de plusieurs livres. Il dirige une entreprise de formation en Suisse orientale. www.stefan-haeseli.com